
L’Antarctique semble soumis à une série de changements "abrupts" qui se renforcent mutuellement, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour le monde entier, alertent des chercheurs ( AFP / Odd ANDERSEN )
L’Antarctique semble soumis à une série de changements "abrupts" qui se renforcent mutuellement, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour le monde entier, alertent des chercheurs dans une étude publiée mercredi dans la revue Nature.
Les scientifiques, pour la plupart basés en Australie, soulignent "l'émergence de preuves de changements rapides" dans l'environnement antarctique: recul de la banquise, ralentissement d'un courant océanique, fonte de la calotte glaciaire et menaces pour certaines espèces comme les manchots empereurs.

Anomalies mensuelles de l'étendue de la banquise Antarctique depuis novembre 1978, par rapport à la moyenne 1981-2010 ( AFP / Jonathan WALTER )
"L’Antarctique montre des signes inquiétants de changement du point de vue de la glace, de l'océan et des écosystèmes. Certains de ces changements abrupts seront difficiles à arrêter et auront des effets pour les générations à venir", résume pour l'AFP Nerilie Abram, chercheuse à l'Université nationale australienne et auteure principale de l'étude.
Les scientifiques alertent depuis des années sur les risques que pose le changement climatique d'origine humaine pour l'Antarctique et sur les conséquences potentiellement catastrophiques pour l'avenir, comme la montée du niveau des océans entraînée par la fonte des glaces.
Mais l'étude montre aussi comment ces changements sont "interconnectés" entre eux et peuvent aussi à leur tour aggraver le changement climatique, souligne Nerilie Abram.
Le recul de la banquise réduit par exemple sa capacité à réfléchir l'énergie solaire (effet albedo), exacerbant ainsi le réchauffement. L'institut de recherche polaire britannique (BAS) a aussi montré, dans une étude publiée en juin, que les colonies de manchots empereurs déclinent plus vite que prévu en raison du recul de cette banquise.
Le ralentissement du courant océanique antarctique et la fonte des calottes glacières se renforcent aussi mutuellement, un cercle vicieux que les scientifiques qualifient de boucle de rétroaction. Ces phénomènes encouragent à leur tour le réchauffement climatique ou la montée du niveau des océans à long terme.
La calotte glaciaire Ouest-Antarctique a déjà été identifiée par les scientifiques comme exposée au risque d'un basculement irréversible en raison de la hausse des températures. Contrairement à la banquise de mer, sa fonte augmente les niveaux des océans, un phénomène susceptible de s'étaler sur des siècles et qui perdurera même si le climat se stabilise.
Cette zone de l'Antarctique contient suffisamment d'eau gelée pour faire monter le niveau des océans de la planète d'environ six mètres. La moitié de cette masse, équivalent à environ 3 mètres, serait à risque d'un prochain effondrement irréversible.
En conclusion, les auteurs estiment que "la seule façon certaine de réduire le risque de changements abrupts dans l'environnement antarctique est de procéder à des réductions rapides et profondes des émissions de CO2 au cours de cette décennie" et de limiter le réchauffement au plus près de 1,5°C, la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris.
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